l’Orodruin était plutôt calme en cette journée, même s’il était impossible de deviner qu’on était en plein jour en raison des nuages noirs et épais s’élevant du cône volcanique et recouvrant le ciel du Mordor. Le Roi-Sorcier avait été convoqué par le Seigneur Sombre et était accompagné de deux de ses compagnons et subalternes, Khamûl l’Oriental et Morgomir. La traversée des Plaines de Gorgoroth par les Cavaliers Noirs avait propagés des rumeurs et des racontars à travers tout le Pays Noir, les orcs, trolls et hommes corrompus savaient que l’apparition des Ulairi ne pouvait que signifier un passage à l’action du Seigneur des Anneaux. Il avait patiemment rassemblé et constituer ses armées et celles-ci n’attendaient que de se déverser et engloutir la Terre du Milieu qui lui appartenait de droit.

Cependant celui-ci savait, celui-ci avait vu grâce au Palantir, qu’un grand obstacle se dressait encore sur sa route. Il avait au cours du Troisième Âge, comploté et organisé dans le plus grand secret la ruine des grands Royaumes des Hommes qu’il craignait plus que tout. Il n’avait pas et n’oublierait jamais sa défaite face aux Exilés de Numenor et la lame d’Elendil lui faisant rendre son dernier soupir. L’Arnor était tombé grâce aux actions de son plus fidèle serviteur et il avait de plus brisé la lignée royale du Gondor en tuant Eärnur. Cependant le Royaume du Sud était toujours debout malgré la perte de ses Rois, les Intendants avaient continué à diriger avec brio et le Mordor butait toujours face à leurs défenses. Osgiliath, ou plutôt ses ruines, bloquait toujours le passage de Minas Anor à Sauron, ainsi que Cair Andros un peu plus au Nord. Il était cloîtré en Ithilien depuis des siècles et il commençait à s’impatienter.

Mais le Mordor n’était pas seul, Sauron n’avait pas que ses serviteurs putrides et malfaisants sous sa coupe, des hommes mauvais, d’autres Royaumes, le vénérait et n’attendait que de le servir lui et sa volonté. Il les avait manipulés et s’en était servi pour harceler et organiser des attaques sur le Gondor pendant des millénaires, ces Orientaux et Haradrims étaient plus au service de Sauron en raison de leur haine des Dunedain que par réelle conviction, il le savait mais il n’en avait que faire. Quand tout sera fini, tous le serviront.

Les trois Nazgûl avaient gravi les quelques milliers de marches dans Barad-Dûr qui menaient au trône de leur Maître. Dans cette salle se trouvait déjà la Bouche de Sauron, ce Numénoréen Noir était le Lieutenant de Barad-Dûr et un des favoris de Zigûr et il complotait depuis des années pour obtenir la faveur de son Seigneur au détriment de tous, son ambition était tel qu’il convoitait une place encore plus haute que les Nazgûl. A la vue de leur Maître, les Spectres se prosternèrent et attendirent les ordres.

“Mes plus fidèles serviteurs, jadis vous m’avez prêté allégeance, vous les illustres Rois et Seigneurs d’antan aviez déjà compris que vous n’étiez rien face à la grandeur de Sauron. Les Exilés se dressent toujours face à nous et les Haradrims et Orientaux semblent avoir oublié leurs serments de jadis. Portez la voix de Sauron en ces terres et invitez les à se rendre en Mordor où ma Voix les recevra et parlementera avec eux.”

Les Nazgûl firent immédiatement volte-face et se rendirent auprès de leurs chevaux, la Bouche de Sauron les suivit pour commencer les préparatifs du futur conseil qui allait se dérouler à Barad-Dûr. Seul le Roi-Sorcier était resté dans la salle du trône, Sauron n'avait rien eu à dire, il n’en avait pas besoin, le chef des Neuf était lié à sa volonté et il pouvait le commander par sa seule pensée.

“Préparez les armées, bientôt l’ombre engloutira le dernier grand royaume des Hommes, et vous en serez sa ruine.”

L’Orodruin entra en éruption, lié lui aussi à la volonté de Sauron, il ne faisait que partager à tous ses intentions : il aurait très bientôt sa revanche et tous subiront son courroux.

Les hommes qui gardaient le mur d'enceinte étaient livides, une angoisse se lisant sur leurs visages alors qu'il regardait le cavalier devant les portes. Sa voix avait glacé leur sang et tandis qu'il tournait les talons de sa montures, bannière au vent ils restèrent immobiles bien trop apeurés pour réagir. L'un d'entre temps finit néanmoins par sortir de sa torpeur pour veiller à transmettre le message. Il prévint son supérieur, lui même prenant avec grande hâte la route du palais. 

Le capitaine Shaybad passa la garde avant de se diriger droit vers la salle du trône. Il y trouva là-bas le grand vizir en discussion avec d'autres conseillers. L'apercevant, le puissant seigneur fit cesser son interlocuteur avant d'interroger l'officier. 

« - Et bien capitaine ? Que signifie cette intrusion?

- Je m'en excuse ô grand vizir mais c'est trop important. Une ombre a été vue devant les portes ! Une ombre du Mordor ! Il a convoque le trône à Barad-Dûr. » 

Cette nouvelle suffit à troubler chacun des conseillers présents. Sauron appelait le Harad à venir en Mordor ? Ça ne signifiait qu'une seule chose : la guerre. Ils commencèrent à chuchoter puis à discuter entre eux avant que le vizir ne les arrête dans leurs débats. Il congédia l'officier avant de reporter son attention sur eux. 

« - Je vais y aller en qualité d'ambassadeur afin de représenter le Harad. Veillez à faire … 

- Aller où Al-Sawyh ? » 

Le grand vizir fit volte face pour observer Janimah qui pénétrait dans la salle du trône accompagnée de ses gardes. La Sultane lui lança un regard perplexe tandis qu'elle s'asseyait sur son siège. Le reste des conseillers demeurait en silence, échangeant des regards entre eux. 

« - Et bien ma chère majesté, il se trouve que le Mordor a fait venir un de ses … représentants ici. Il est parti si tôt qu'il est venu mais il a été clair, Barad-Dûr souhaite que les Haradrims viennent prêter allégeance au Seigneur de la Terre Noire. Je pense qu'il est plus judicieux que je m'occupe de … 

- Vraiment ? C'est intrigant. Je ne crois pas que même durant le règne de mon père pareille chose ne soit advenue. Néanmoins, il me semble plus judicieux pour reprendre vos mots grand vizir que je prenne la route de la tour noire. J'ai servi l'Oeil dans nos temples presque toute ma vie et je ne demande qu'à le servir durant mon règne. Si notre Dieu appelle à ma venue, j'irais avec joie. 

- Je vous prie de reconsidérer la question majesté. Je peux m'occuper de cela afin que vous puissiez davantage vous pencher sur l'avenir du royaume et le général Sulâdan sera bientôt ici à Amrûn aussi je … 

- Si le général arrive, vous pourrez vous reposer sur lui pour protéger nos terres en mon absence. Suis-je claire Al-Sawyh ? » 

Le grand vizir hocha lentement la tête, visiblement contrarié mais incapable de ne pas obéir. Autour de lui le reste des conseillers demeuraient en silence, spectateurs du pouvoir. 

« - Vous l'êtes ô sultane. Vous l'êtes. 

- Faites préparer une escorte dans ce cas. »

Sur ces mots, Janimah se redressa avant de quitter la pièce suivie de ses servantes et gardes du corps.




Elles étaient là... Les Portes Noires, les tours du Morannon étaient bien plus imposantes que ce qu'on en disait. L'immense rempart noir qui constituait les portes, place forte des troupes de Sauron dominait la vallée et gardait l'entrée Nord du Mordor après les bois de l'Ithilien. Le groupe venu du Harad avait pu passer en paix le Harondor et ces bois dangereux à cause des tensions frontalières avec les descendants de Numénor. La sultane était au centre du convoi, sur un cheval robuste originaire des terres du Sud valant son pesant d'or. Autour d'elle on trouvait une poignée de servantes chargées de l'assister dans sa vie quotidienne. 

C'était en tout cas de quoi ça avait l'air mais la femme vêtue richement était davantage un leurre en réalité, Janimah était vêtue avec une tunique de prêtresse noire et ornée d'un emblème à la gloire de Zigûr et était placée comme si elle faisait partie de l'entourage de la sultane, pour sa protection en cas d'attaque. Tout proche se tenait le commandant Hashmaddin et ses meilleurs soldats prêts à sacrifier leurs vies. Et enfin autour d'eux un contingent de soldats du désert conséquent en prévision d'une éventuelle embuscade. 

Le groupe armé avançait droit vers l'ouverture des Portes Noires au son des cors d'orques qui résonnait dans la vallée d'Udun. De l'autre côté du rempart, ils furent accueillis par les soldats du Mordor qui les guidèrent vers la Tour Noire bien que son imposante stature était visible de très loin. Ils traversèrent les plaines de Gorgoroth jusqu'à atteindre le plus grand bastion de la Terre du Milieu. Désormais en territoire allié, le subterfuge n'avait plus lieu d'être, aussi Janimah se présenta comme sa qualité de Sultane et fut enjointe de s'engouffrer à l'intérieur. 

Elle pris deux hommes avec elle qui portait chacun une bannière du Harad. Tout deux membres des Flèches Noires, dont le commandant, ils étaient les mieux placés pour assurer sa protection. Janimah avait récupérer sa couronne des mains de sa doublure, laissant le reste de ses troupes patienter à l'extérieur de Barad-Dûr sous la surveillance des orques. La Sultane fut conduit dans les étages obscurs de la citadelle jusqu'à une salle de réunion où se tenait un servant de l'Oeil. L'ancienne prêtresse posa son regard sur son visage inquiétant tandis que Hashmaddin à ses côtés se chargeait de la présenter. 

« - Sa majesté ; Janimah ibna Al-Haikk, Sultane du Harad répond à l'appel du Mordor. »