Il faisait frais en ce jour, un début de printemps comme on les connaissait dans le haut nord, à l’abri des vents glacés, protégés par de longues et hautes montagnes, je ne pouvais pas rêver d'un meilleur jour pour amorcer mon beau projet !
Je m'appuyais sur la table devant moi, contemplant les hommes et femmes qui s’affairaient au travail, soulevant, déplaçant et chantant aussi. Qui aurait put croire qu'il y a seulement deux années, nous combattions Morgoth sur ces mêmes terres et que le Beleriand se dressait au-dessus des eaux ?

Je regardais le plan principal sur la table, un sourire aux lèvres en observant une cité qui n'aurait rien à envier à Gondolin ... J'aurais tant aimé pouvoir rebâtir la cité de Turukano et offrir une seconde vie à ses rues et ses quartiers qui jadis brillaient de la lumière de Glingal et Belthil les deux arbres de la cité cachée.
Hélas, la chute du Thangorodrim m'empêchera pour toujours de ramener les chants et les odeurs d'épices du marché dans ces murs ... Mais si je ne peux ramener cela en Gondolin, je le ferais ici !

J'avais choisi Tol Fuin pour cela, elle était tout ce qui restait ou presque du Beleriand au-delà de l'Ossiriand, les restes des hauts-plateaux de Dorthonion !
J'avais amené avec moi des elfes fidèles, ceux des maisons nobles de Gondolin encore en vie et d'autres qui m'avaient jurer leur loyauté. Avec eux, venaient des hommes, principalement de la maison de Haleth et des Drûgatan(1), peu venait des maisons de Bëor ou de Hador, ceux-ci avaient préféré commencer leur voyage vers l'île que les Valai(2) avaient créé pour eux en cadeau, Numenor. Je me réjouissais d'avoir aussi pu inviter des nains jusqu'ici, ils n'étaient là que pour bâtir la cité bien sûr et venaient des clans des montagnes bleus, quoique j'eusse aussi été jusqu'aux monts brumeux cherchés l'aide des Longues-barbes. J’espérais que certains décide de rester et de vivre parmi nous, j'avais changé, mais pas mon rêve de voir unis les fils d'Iluvatar dans un seul peuple et en harmonie.

Mon fidèle intendant et ami Ortaminassë était mon maître architecte pour ce grand œuvre, lui qui avait bâti Vinyamar et Gondolin ne pouvait que donner à ma cité la splendeur de ses ainés.
Le plan de la ville était fort simple, au centre de Tol Fuin et au pied de sa montagne entre deux bras rocheux, la ville serait ronde et percée de tour, son sol parcouru d'habitation et jonché d'arbre importé depuis la terre bénie de Valinor. La cité sera taillée à même la montagne et sa pierre sera sa muraille !
Un long couloir mènera à la cité, hommage au chemin secret de Tumladen et comme celui-ci, sept portes devront être traversé pour l'atteindre !
Mais ces portes seront toujours ouvertes, prêtes à accueillir ceux qui en auront besoin et ceux qui la chercheraient.

À l'entrée de ce couloir sera dresser deux immenses statues de marbre, l'une de ma sœur et l'autre de moi-même, l'idée d'Ortaminassë qui souhaitait user de notre image pour forcer le respect de la cité et comme protecteur de la cité.

Profitant de source naturelle glissant de la montagne, un canal sera créer dans la cité et une île centrale y sera bâtis, ce sera ma demeure et celle de ma sœur et à côté de cette tour, je ferais planter deux boutures de Valinor, les descendant des deux arbres des terres d'Aman. Ils n'auront ni leur lumière, ni la même gloire, mais ils sont leur souvenir et c'est ce qui m'importe pour cette cité, le souvenir.
Au sein de la cité, seront érigées 26 grandes tours, deux taillés dans la montagne et seront un mémorial aux cités de Nogrod et Belegost. L'anneau extérieur de onze tours représentera les royaumes de Menegroth, Hithlum, Gondolin, Doriath et des Falas, mais aussi les trois maisons des Edains que sont celles de Bëor, Hador et Haleth qui comportera aussi les mémoires des Drugatan leurs proches. Les dernières tours représenteront l'ensemble des fils de Fëannor et de leurs dépendances, les maisons des hommes de l'Est, réunis en une seule tour, les justes de la maison de Bor et les parjures d'Ulfang. La dernière des onze tours est celles des Thangorodrim et est un mémorial aux forces du mal, un musée de leurs œuvres et de leurs actions entaché par le mal et le vice.

Les treize tours de l'anneau intérieur quant à elles, étaient celles des maison de Gondolin, chacune était affilée à une autre maison proche, la maison du Roi par exemple était entouré de celle de Tuor et de la mienne et la mienne, par celle du Roi donc et celle de la Taupe ... Cette simple évocation, m'emplissait de tristesse en reposant à mon pauvre Lómion(3) ...
Enfin, reprenons nos esprits ! Chacune de ces tours donc, serviraient de place centrale aux quartiers dédiés à chacun de ceux faisant parti de ces maisons ! À l'instar des autres tours, elles seraient des musées, dédiés aux actes de bravoure de leur dirigeant, défunt pour beaucoup, et aussi leur histoire. À l'entrée de chacune, le nom de leur maison était marqué au-dessus de la grande porte en tengwar, en cirth et en rune gondolinique.
Chaque tour surplombait une place centrale, lieu de vie des gens de ces maisons et chacune de ses places comporteraient une statue du fondateur de la maison. Des statues de marbre que je réaliserais moi-même, car je me souvenais en détail de chacun de mes amis et confrères. Pour ceux ayant trépassé, un linceul d'hithlain serait déposé sur la statue, couvrant légèrement leur trait, sans les cacher entièrement, rappelant à tous leurs sacrifices.

Cette ville, je la nommerais Minti Minassë, la "cité du souvenir", du souvenir de Beleriand, de son histoire, de ses héros et ses petites gens. Un havre de paix et d'études. Une place-forte, qui n'aura je l'espère jamais à démontré ses capacités guerrières, je refuse que la guerre ne puisse puisse à ces murs.
Aujourd'hui, les enfants d'Iluvatar œuvrent en harmonie dans un but commun, aujourd'hui, nous sommes unis.



(1) : Ruatan est la forme quenya correct pour parler des Druedain. Araekin néanmoins parle le dialecte vanyarin et par respect pour ce peuple, ne cache pas une partie de ses syllabes.

(2) : Araekin utilise le vieux quenya dans ses discours et utilsient son vieux pluriel en -i au lieu de -r pour les mots se terminant par une voyelle, donnant donc Valai au lieu de Valar.

(3) : Lómion, amilessë de Maeglin. Nom qu'Araekin utilisait pour parler de ce dernier, lui préférant son nom quenya choisit par sa mère.